Question orale à Pierre-Yves Dermagne (55026241C)
Marie-Colline Leroy (Ecolo-Groen):
Monsieur le ministre, vous avez certainement entendu parler des témoignages liés au tournage du clip de la chanson Fils de joie de l’artiste Stromae, produit par Abyssal productions. Nous sommes en janvier, dans le parc du Cinquantenaire. Les centaines de figurants et danseurs professionnels rassemblés par Abyssal productions sont restés parfois de longs moments immobiles, en costume de scène. Certains disent avoir été frigorifiés. Il semble que ces personnes n’aient été que défrayées, voire rémunérées par versement de droits. C’est une information que vous avez sans doute déjà examinée.
Dans ce type de tournage, pour les images de masse, il convient de distinguer les fonctions et missions et de comprendre leur articulation. Les prestataires professionnels à l’image auraient été rémunérés 150 euros par personne pour cinq jours de travail comprenant les répétitions, l’essayage, et le tournage. Pour les figurants volontaires, soit uniquement les deux jours de tournage, il nous revient que le tarif était de 60eurosbrut pour une journée de 6h du matin à 17h, soit 11heures de travail. De plus les horaires semblent avoir été construits dans la nuit précédant la journée de travail. En Belgique, les défraiements vont de 60 à 350 euros; c’est donc le tarif minimal qui a été appliqué ici. Par ailleurs, contrats, conditions et charges de travail n’auraient été révélés qu’après résultat du casting.
Alors, ils ont dansé.
Pour la réforme WITA (Working in the arts),vous avez défini trois objectifs: le renforcement de la pratique artistique, la solidarité avec et au sein du secteur et l’assurance d’une base plus large pour la protection sociale des travailleurs artistiques. Vous conviendrez que le tournage de ce clip est en contradiction avec chacun de ces objectifs.
Monsieur le ministre, que pensez-vous de ces pratiques? Avez-vous eu vent de cette polémique? Estimez-vous que ces conditions financières sont décentes et recevables?
Ne convient-il pas d’entamer une réflexion politique afin d’aboutir à une définition plus claire des fonctions de figurant et de garantir des conventions collectives de travail adaptées?
Pierre-Yves Dermagne,ministre:
Madame la présidente, mesdames les députées, comme vous, j’ai été interpellé en apprenant, dans la presse, les conditions dans lesquelles se serait déroulé ce tournage de clip à Bruxelles. Selon mes dernières informations, les services d’inspection du contrôle des lois sociales n’ont pas été saisis d’une plainte s’agissant de ce tournage.
In samenwerking met de minister van Sociale Zaken heb ik de bevoegde administratie niettemin verzocht om na te gaan of alle wettelijke verplichtingen werden nageleefd.Zoals uweetwordt het eerste deel van de hervorming van het statuut van de werknemers in de kunstsector momenteel op regeringsniveau besproken.
Dans un second temps, le groupe de travail 8A « Working in the Arts » se concentrera sur les conditions de travail dans le secteur. Nous avons également des concertations avec les Communautés sur l’amélioration de ces conditions de travail. Les enseignements de ce cas précis pourront nourrir les discussions dans le cadre de cette réforme afin de veiller à ce que les barèmes de rémunération fixés dans le secteur, ainsi que les conditions de travail adéquates et décentes ne puissent plus être contournés. L’objectif est de
pouvoir garantir de bonnes rémunérations et de bonnes conditions de travail dans le secteur comme dans tout autre secteur.
Marie-Colline Leroy (Ecolo-Groen):
Monsieur le ministre, je vous remercie pour ces précisions.
Comme je le dis dans le titre de ma question « qui dit taff te dit les thunes ». Il est normal que pour tout travail, il y ait rémunération décente. Il n’y a pas eu de plainte et je ne suis pas sûre que cela me rassure. Étant donné la quantité de récits et de témoignages déposés, il est très étonnant qu’il n’y ait pas de plainte formelle. Cela voudrait-il dire
que dans le secteur, une plainte équivaut aussi à une mise au ban pour l’avenir, lors d’autres prestations? En tant qu’artiste, pourrait-on ensuite être mis sur liste noire et ne plus jamais être engagé lors de ce genre de castings? Franchement, j’ose espérer que cela n’est pas le cas et qu’il n’y a eu aucune pression. L’initiative que vous prenez avec les services
d’inspection sociale est positive et je vous en remercie.
Dans le secteur artistique, tout comme c’est le cas dans d’autres secteurs d’activité, il reste un gros travail à faire concernant le statut, les rémunérations et des règles claires et strictes en la matière.
https://www.lachambre.be/doc/CCRI/pdf/55/ic732.pdf