Pour lire la commission Affaires Sociales du 22/03/22 en entier > https://www.lachambre.be/doc/CCRI/pdf/55/ic732.pdf
Question de Marie-Colline Leroy à Pierre-Yves Dermagne (VPM Économie et Travail) sur »La pénurie de techniciens dans le domaineculturel » (55026364C)
Marie-Colline Leroy (Ecolo-Groen):
Monsieur le Ministre,Afin de survivre, une bonne partie destechnicien.ne.s de l’événementiel a quitté le navire pendant le covid et ne semble pas avoir l’intention de revenir. Alors que la Fédération Wallonie Bruxelles a établi des aides conditionnées par la contractualisation avec des acteurs de première ligne, des entreprises privées non éligibles n’ont pas toutes été en mesure d’assurer le maintien de l’activité et donc d’assurer des contrats avec les intermittent.e.s. La reprise des activités se retrouve donc déstructurée. Tous ces gens ont dû se diriger vers d’autres secteurs pour arriver à survivre. Et avec eux, le savoir-faire.
C’est donc à présent toute la chaîne qui est bouleversée. Cela va du porteur de câble, aux techniciens son et lumière, aux régisseurs, en passant par les chauffeurs, les caristes, etc… Ces métiers de l’ombre, qui nécessitent une formation longue et solide, sont en pénurie. Les aléas du covid ont engendré l’essor du contrat de dernière minute. La plupart des sociétés de type « événementiel » jonglent donc à flux tendu, L’organisation est quasi impossible.
La situation est d’autant plus grave que les écoles qui forment les techniciens de demain n’ont pas pu obtenir de stages pour leurs étudiants.
Les équipes sont très difficiles à former, la relève n’a pu être anticipée. Le secteur parle d’un délai de deux à trois ans pour s’en remettre.
L’amertume est grande.
En France, le statut de l’intermittent a permis à tous ces sans-droits d’être reconnus et aidés pendant toute cette période de crise.
Dès lors, mes questions sont les suivantes:
•Le fonds 304 visant à la formation dans les arts du spectacle a-t-il été activé à la hauteur des besoins?
•Qu’envisagez-vous pour soutenir la relance des activités de type évènementiel? Avez-vous rencontré les fédérations représentatives de ce type d’activités? Que répondez-vous à leur
demande de soutien immédiat?
•Quelles sont les pistes pour sécuriser l’emploi de manière structurelle et répondre à cette pénurie effective?
•Entendez-vous saisir la CIM culture sur cette difficulté?
Merci, Monsieur le Ministre
Pierre-Yves Dermagne, ministre:
Chère collègue, les travailleurs du secteur des arts et de la culture sont avant tout des personnes passionnées. Vous le savez tout autant que moi.
Néanmoins, ils ont dû faire face à de grandes difficultés durant cette crise sanitaire, vous le savez aussi, parce que leur secteur a été durement touché par les fermetures et par les
restrictions. Afin d’aider ces travailleurs, le Parlement fédéral a adopté la loi du 15 juillet 2020 qui prévoit des mesures d’aide importantes: accès à une protection sociale temporaire, des périodes blanches pour l’accès et le maintien du statut ou encore le cumul illimité avec la perception de droits d’auteur.
À mon initiative, vous le savez, le gouvernement fédéral a prolongé ces mesures et a adopté des mesures complémentaires, comme l’augmentation des minima relatifs au statut.
Pour l’événementiel, le gouvernement a également adopté des aides spécifiques sous forme de réductions de cotisations sociales pour groupes cibles. Pourtant, comme pour l’horeca,
certains travailleurs du secteur ont été contraints de se réorienter vers d’autres secteurs d’activité, ce qui entraîne aujourd’hui une pénurie de main- d’œuvre, surtout chez les techniciens et les techniciennes, comme vous l’évoquez dans votre question.
Je ne doute cependant pas du fait que, lorsque la situation se sera stabilisée, un grand nombre de travailleurs retrouveront le chemin de la culture d’autant que, comme vous le savez, le gouvernement examine une réforme afin d’améliorer le statut de la protection sociale des travailleurs de ce secteur.
En ce qui concerne le Fonds 304, il s’agit d’un fonds paritaire qui est géré directement par les partenaires sociaux du secteur. J’ai évidemment toute confiance en ces partenaires sociaux pour qu’ils puissent mobiliser le Fonds de la meilleure des manières qui soit. Je suis certain que, conscients de ce problème, les partenaires sociaux mobiliseront les moyens du Fonds pour répondre à ce problème et à cette situation.
Nous aborderons évidemment ce point avec mes collègues des Communautés dans le cadre de la conférence interministérielle Culture, qui doit se réunir prochainement.
Marie-Colline Leroy (Ecolo-Groen):
Monsieur le ministre, je vous remercie. C’est une bonne nouvelle. Je pense qu’il est important pour ce secteur d’imaginer que l’ensemble des partenaires et des acteurs de la CIM Culture, comme on l’appelle, mettra cette difficulté à son ordre du jour.
Je vous entends dire aussi, et c’est une bonne chose, que les techniciens et techniciennes, puisque c’est d’eux dont il est question dans ma question, seront donc bel et bien concernés par la réforme au sens le plus large possible. Vous savez à quel point nous vous soutiendrons dans ces discussions.
Quant au Fonds 304, j’entends bien qu’il est géré par les partenaires sociaux. Je peux me renseigner par ailleurs pour voir comment il peut être davantage soutenant par rapport aux besoins. Sur la relance, peut-être en reparlerons-nous dans quelques semaines. Parallèlement à la réforme, je pense qu’il serait vraiment important d’élaborer un plan de relance de soutien pour permettre à l’ensemble du secteur événementiel de reprogrammer et de pouvoir donner des garanties structurelles, dans la durée, à leurs travailleurs et leurs travailleuses.
La loi, telle qu’elle a été passée en urgence en juillet 2020, n’a pas nécessairement permis de répondre aux besoins de ces travailleurs-là, sachant que les techniciens et techniciennes n’ont pas nécessairement demandé cette loi. Il faudra probablement réfléchir, dans un avenir proche, à un redéploiement économique autour de l’événementiel par des aides et garanties, par exemple. Cela s’avérera essentiel, ne fût-ce que pour les programmations. Le gros problème pour l’instant dans ce secteur est la difficulté de la programmation. Je sais que c’est un vœu que nous formulons tous car c’est toujours la question du plus long terme et de la programmation qui posent question. Je vous remercie néanmoins pour les signaux positifs que vous envoyez.