Migrants : En ce 1er septembre, la récréation est finie

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Le centre d’accueil de la Croix-Rouge de Tournai va ouvrir ses portes aux demandeurs d’asile. Non, nous n’accueillons pas toute la misère du monde. Oui, nous avons la possibilité d’accueillir des candidats réfugiés sans entraver les droits et la sécurité des citoyens belges. Une opinion d’Ecolo.

Contribution externe

Publié le 31-08-2015 à 14h00 – Mis à jour le 31-08-2015 à 14h18

Une opinion de Chloé Deltour, Marie-Colline Leroy et François Otten, du secrétariat régional d’Ecolo Picardie, et de Zakia Khattabi, coprésidente d’Ecolo.

C’est bientôt la rentrée, même là où on ne l’attendait (presque) pas. Le premier septembre, le centre d’accueil de la Croix-Rouge de Tournai ouvrira ses portes aux demandeurs d’asile issus principalement de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

Depuis l’annonce de l’ouverture de ce nouveau centre, des initiatives locales se mettent en place, la solidarité s’exprime vis-à-vis de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants qui n’ont eu d’autres choix que celui de l’exil. Ils espèrent aujourd’hui retrouver un cadre de vie serein. Beaucoup de citoyens l’entendent de cette manière et se rassemblent, créent des collectifs pour lesquels ils accordent du temps, de l’énergie et mettent au service leurs compétences, gratuitement, sans attentes, uniquement « parce qu’on ne peut quand même pas rester sans rien faire ». L’action collective et spontanée se met en place, parfois même hors de toute structure existante, simplement nourrie par ce besoin d’ »agir ». Il s’agit d’accueillir, d’être disponible et de considérer l’autre, qui arrive avec son histoire et ses traumatismes. Il s’agit d’écouter et de comprendre qu’on ne choisit pas son pays et qu’on peut être victime d’un conflit dont on ne sait absolument pas comment, ni quand il prendra fin. Cette bienveillance vis-à-vis des demandeurs d’asile rassure autant qu’elle force le respect.

Schizophrénie de l’humanité ? Parallèlement à ce soutien, des propos plus sombres et inquiétants s’immiscent dans les discussions. Pourquoi chez nous ? Pourquoi autant ? Pour combien de temps ? À quel coût ? Interrogations qui peuvent se transformer en discours de haine si les craintes ne sont pas rapidement apaisées par des explications claires, des données objectives et des garanties effectives.

N’est-ce pas là la mission des organisations politiques qui se sont engagées dans la bonne gestion d’un Etat ? N’est-il pas de leur devoir de répondre aux angoisses et aux difficultés quotidiennes des citoyens ? N’est-il pas urgent de rappeler que le statut de réfugié doit rester un droit fondamental pour toute personne qui fuit son pays craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité́, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, comme le rappelle la convention de Genève. Si l’on entend ce principe essentiel, rester sourd à la demande légitime de protection face à l’horreur d’un conflit serait irresponsable.

Il y a une alternative aux discours ambigus entendus depuis des jours ; celle du retour au calme et du débat constructif.

Non, nous n’accueillons pas toute la misère du monde. Oui, nous avons la possibilité d’accueillir des candidats réfugiés sans entraver les droits et la sécurité des citoyens belges. oui, des études montrent l’impact positif de l’immigration sur le PIB et les finances publiques. Oui, le vivre-ensemble enthousiaste est possible à condition d’une réflexion responsable des pouvoirs politiques. Enfin, à l’heure de ce monde globalisé où presque tout circule, pourquoi en serait-il autrement pour les êtres humains ?

« La récréation est finie » entendions-nous dans la bouche du premier ministre, fort d’une condescendance inimitable, il y a à peine trois mois, au sujet de la dette grecque. Permettez-nous de le prendre au mot ; d’accord, la récréation est finie ! Finis alors les discours discordants de la majorité à propos de l’accueil des candidats réfugiés ; fini le manque de transparence quant aux conditions exactes de leur accueil qui alimentent les propos haineux ; fini de laisser les citoyens dans l’angoisse d’un avenir incertain à cause d’une politique insolente et inefficace qui empêche la solidarité de s’exprimer et qui renforce le « chacun pour soi ».

Il est indispensable aujourd’hui, et vu la situation, de ne pas entrer dans des stratégies politiques malsaines où on s’efforce d’apparaître dans les médias à coups de propos contradictoires et sans intérêt. Favoriser l’accueil et l’intégration inconditionnels de ces individus en danger est la garantie d’une société bienveillante et apaisée ; ce que tout citoyen est en droit d’attendre.

Le premier septembre, un centre d’accueil ouvre ses portes. Nous mettrons tout en œuvre pour soutenir les personnes qui se mobilisent pour faire de cette réalité une réussite.

Nous, écologistes, tenons à réaffirmer nos valeurs: solidarité, respect de l’autre et justice.

Nous, écologistes, appelons les partis démocratiques à contrer les haines et le racisme.

La récréation est finie parce qu’on ne « joue » pas avec la dignité humaine.

Une opinion de Chloé Deltour, Marie-Colline Leroy et François Otten, du secrétariat régional d’Ecolo Picardie, et de Zakia Khattabi, coprésidente d’Ecolo.